VISIONS/RÉFLEXIONS

Jean Luc Nancy d’Antoinette Zwirchmayr (2018)

Ce texte est présenté dans le cadre de la série RÉFLEXIONS, développée et produite par VISIONS. RÉFLEXIONS met l’oeuvre d’un cinéaste en dialogue avec les pensées, réactions, interprétations, idées libres d‘un·e écrivain·e. Le film Jean-Luc Nancy d’Antoinette Zwirchmayr (2018), sur lequel porte ce texte, est accessible en ligne sur le site de VISIONS.

_____________________________________________

Comme une invitation
l’hypnose des hauteurs
et celle des objets qui contiennent l’interminable
on dit que c’est après une courbe
qu’attendent nos morceaux
c’est ton point de vue
ou bien un poste de chasse
c’est à partir des images
qu’on fabrique les lendemains

nous on est parti·es

pour demeurer là
le long des ruptures
nos cheveux tirent l’incompréhension
peut-être un visage
caché dans les détails

rompre les lignes
faire de l’éclat et de la nuit
une bruine
c’est ici que nous sommes resté·es ensemble
quand on nous disait de rentrer
quand on nous disait de nous séparer
quand c’était le mauvais endroit
quand c’était la mauvaise raison
quand on nous parlait de l’avenir
quelque chose entre nous
qu’il faut prendre au mot
a pris le tranchant de l’archipel

la fin peut venir et la peur
avec les petits poings par lesquels on flatte
quand on ne sait plus cibler
nous leur demanderons
qu’est-ce que vous feriez sans nous?

ces passions désolées
elles rappellent à ceuz qui s’oublient
la joie l’ingouvernable
nous en faisons nos boucliers
elles qui se battent en chantant contre leur propre vie
elles qui n’auront peut-être jamais la force
de tenir ou monter
une station de maillage
sauf si au bout d’un fil
au bout d’un monde de papier
à répétition
un certain moment de la semaine
une personne ou une pierre
les épaule

il faudrait ressembler
à un outil facile ou à une caresse
pour s’identifier
répondre au confort
tu cherches la promesse et la preuve
qu’ici c’est la ruine
qu’ailleurs aussi
que tu es où tu devrais
mais tu sais que rien de tout ça n’existe

c’est le chemin de disparaître

ici y’a pas de fin
le ciel grouille de vers
des traces aux ronces
aujourd’hui on apprendra à marcher
comme des enfants
avec nous-mêmes
nous toustes
nous rendrons aux lettres
leur penchant pour la fuite

le regard dans celui du monde
pareil aux échanges dans le miroir
ce sera nous
pour toustes ceuz qui demanderont à qui s’adresser
qui écouter
y aura la rumeur
la foule sur ses pas
nous a monté de toutes pièces
un blindé de mots
au besoin
accuse-le

par la rupture
tout a commencé
tout peut se poser
la fin d’un monde dans un monde
ou le départ de ceuz qui croient
que l’ensemble est un point faible
que voir c’est agir
qu’on ne se passera pas de vous

ce qui advient
aux yeux des fenêtres entre les jours
c’est que nous n’allons pas nous entendre
dans les excuses
nous avons choisi le conflit
nous avons trouvé un trousseau

ta parole et la mienne
pour danser
la deuxième virgule devient faille
nous y coulons
l’illimité
une promesse commune