Cadavre exquis

Films éducatifs : modes de réemploi. Autour du projet Cadavre exquis 

Ce texte a été présenté le 25 avril 2022, dans le cadre du symposium de la Fédération internationale des archives du film (FIAF), à Budapest (Hongrie), qui avait pour thème « The Visible Archive: Archiving, preserving, digitizing, and sharing “non-feature” film collections ». Nous reproduisons ici une traduction exacte du texte qui a été lu par André Habib et Annaëlle Winand, enrichie de références.

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Avant de commencer, nous souhaitons remercier les aimables organisateur·ice·s de cette conférence et les différents organismes de financement qui nous ont permis d’être ici. Comme d’autres intervenant·e·s, nous pensons qu’il est important de mentionner le malaise que nous ressentons tous les deux à monter sur scène et à parler de ces sujets « légers » qui nous passionnent, sachant le contexte plus large de la guerre et des atrocités incessantes qui sont commises non loin d’ici ; c’est donc avec humilité, et même une pointe de honte, que nous reconnaissons notre incroyable privilège de pouvoir vous parler aujourd’hui, librement.

Nous sommes ici pour présenter un projet qui n’en est qu’à ses débuts et qui s’épanouira dans les prochaines années. Il s’agit d’un projet qui s’appelle « Cadavre exquis : ouvroir de cinéma potentiel », un nom qui, comme certain·e·s d’entre vous l’ont compris, fait référence à la fois au jeu surréaliste du « Cadavre exquis », mais aussi à l’Oulipo, « Ouvroir de littérature potentielle », une initiative littéraire des années 1960 qui explorait la contrainte comme mode d’ouverture créative.

« Cadavre exquis » a été initié par la revue de cinéma Hors champ et la plateforme Zoom Out, grâce à un financement du Conseil des Arts du Canada. Il s’est récemment associé au projet de partenariat international CINEXMEDIA, un très vaste et ambitieux projet de recherche mis sur pied par André Gaudreault, Santiago Hidalgo et Isabelle Raynault. Nous concevons notre projet comme un laboratoire de valorisation des archives et de création expérimentale, deux aspects que nous considérons comme liés et que cet exposé tentera d’explorer.

Le projet touche à différents éléments qui sont au cœur de ce Congrès, et s’inscrit dans une discussion concernant les nombreux usages et réutilisations des films éducatifs, et en particulier des films scientifiques, mais aussi dans l’histoire plus large des initiatives de diffusion numérique, et dans l’histoire des pratiques cinématographiques d’avant-garde et de found footage. Nous souhaitons d’emblée souligner l’importance de ce dialogue entre les archivistes, les artistes et les universitaires du cinéma pour mieux valoriser et rendre visible des domaines souvent inexplorés et sous-estimés de notre patrimoine culturel audiovisuel.

Ce projet a plusieurs fils conducteurs : le premier est une collection de plus de 1200 films 16 mm conservés à la bibliothèque de l’Université de Montréal, ayant été utilisés des années 1950 au début des années 1990 lorsque, comme pour la plupart des institutions, le celluloïd a été remplacé par la bande vidéo et le DVD. La collection contient une poignée de films expérimentaux, des copies de réduction Blackhawk de classiques du muet, des films d’auteur mais, surtout, environ 80 % de la collection est constituée de films scientifiques et éducatifs couvrant toutes les disciplines, de la médecine à la gestion, de la biologie à la psychologie (parcourir cette liste de titres et projeter ces films fait partie des choses les plus amusantes que j’ai faites au cours des 10 dernières années). Elle est probablement semblable à d’autres collections de films universitaires nord-américaines se distinguant seulement par le fait que : 1) elle abrite des films francophones et anglophones et de nombreuses productions locales qui sont inexistantes dans d’autres collections universitaires ; 2) elle existe toujours, en assez bon état, bien que l’histoire de la collection ait plus à voir avec la négligence et l’indifférence qu’avec une réelle préservation.

Collection de films 16 mm conservés à la bibliothèque de l’Université de Montréal (Centre de conservation)

Dans le cas de la plupart des collections 16 mm des bibliothèques, quand vient le temps de la sélection et de l’évaluation, on décide généralement de préserver (conformément aux mentalités de type Cinémathèque), les « films d’art » (les Chaplin, les Godard, les Buñuel, les Varda, les Snow), et de se débarrasser des films sur le diabète, la « Physiologie du sommeil des vaches », le « Bruit des corbeaux », ou encore de ceux qui vous apprennent « Comment faire un lit d’hôpital », etc. Ce dont on se rend compte aujourd’hui, c’est que ce sont justement ces derniers, ces étranges « corpus » de curiosités rares et uniques, qui sont souvent non conservés, puisqu’ils échappent précisément aux mandats des cinémathèques et des institutions chargées de la préservation des films. Cela en dit long sur la conception un peu étroite de l’histoire du cinéma que nos institutions cinématographiques priorisent et qui n’a pas été renouvelée depuis les années 1930. Considérer ces films comme faisant partie de notre patrimoine (au même titre que les films familiaux, la pornographie, les films industriels) nous oblige, d’une certaine manière, à renverser l’idée de l’histoire du cinéma et à voir quelles sont les possibilités que ce renversement est susceptible de susciter.

Maintenant que ces films ont perdu leur valeur scientifique stricte, ils ont acquis, avec le temps, de nouvelles valeurs liées à leurs caractéristiques historiques, matérielles, ou encore esthétiques. Des documentaires périmés sur le diabète, les lits d’hôpitaux, la schizophrénie ou le chant des corbeaux deviennent maintenant des artéfacts qui révèlent une histoire culturelle vernaculaire, dotés d’un intérêt anthropologique, sociologique, mais aussi simplement une qualité poétique « exquise » : ils nous renseignent moins, aujourd’hui, sur la schizophrénie ou les lits d’hôpitaux, mais révèlent une partie du discours social, ce que Foucault appelle « l’archive » de la société qui les a produits ; en plus d’être des documents visuels et sonores absolument stupéfiants, étranges, comiques et fascinants. S’ils sont correctement décontextualisés et déplacés, et si nous acceptons de les voir avec des yeux neufs, ils ont un potentiel créatif incroyable.

Préserver et (ré)utiliser les films éducatifs

Comme nous l’avons mentionné précédemment, les films éducatifs n’ont pas toujours été dans la mire des grandes institutions officielles de la mémoire cinématographique comme les cinémathèques et les grands dépôts nationaux.

Dans le cas de la collection de films 16 mm de l’Université de Montréal, nous pouvons parler d’une préservation qui est, au départ, quelque peu accidentelle, puis motivée par des chercheur·euse·s qui n’ont que récemment commencé à s’intéresser à l’histoire plus large de ce que l’on appelle les « films utiles » ou les « films orphelins » : films éducatifs, gouvernementaux, commerciaux, ou même films de famille. Leur intérêt, en tant qu’archives préservées pour leur valeur historique et mémorielle, n’a pas toujours été évident dans le cadre plus large de la préservation des films.

Dans un contexte nord-américain, nous pouvons voir l’intérêt pour ces types de films croître dans les années 1970 et 1980, à travers la construction d’archives spécialisées 1 . Un attrait institutionnel pour les films orphelins est apparu un peu plus tard, dans les années 1990, générant des conférences universitaires, des recherches, une couverture médiatique et des politiques publiques 2 .

Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Et pour rendre compte des efforts de préservation et comprendre l’intérêt des films éducatifs avant les années 1990, nous devons faire état de deux acteurs principaux : les collectionneur·euse·s et les cinéastes expérimentaux.

Dans les années 1970-1980, les collectionneur·euse·s privé·e·s ont commencé à manifester un intérêt accru pour la collecte de « films utiles » et, plus précisément, de films éducatifs. Ils et elles ont alors profité du fait que les médiathèques des écoles, des collèges et des universités se débarrassaient de leur matériel ou fermaient leurs portes. Certaine·s de ces collectionneur·euse·s ont lancé des projets afin de préserver les films, mais aussi de les rendre disponibles, partageant ainsi des objectifs communs de travail avec les institutions d’archives. Par ailleurs, nous pouvons trouver des traces d’un certain intérêt pour ce type de matériel à travers les œuvres des surréalistes des années 1920-1930 et des cinéastes expérimentaux travaillant avec du found footage, qui explorent ces modes de réalisation depuis longtemps.

Ce qui nous intéresse le plus, dans le cadre du projet Cadavre Exquis, c’est la manière dont ces deux acteurs de l’histoire du film éducatif très différents travaillent, chacun de leur manière spécifique, à donner accès, à diffuser, à valoriser et à mettre en valeur les films éducatifs.

Si l’on se concentre d’abord sur les collectionneur·euse·s, l’un des principaux projets qui vient à l’esprit est celui des Archives Prelinger. Fondées au début des années 1980 par Rick Prelinger, ces archives reposent sur une collection personnelle qui s’élevait à 60 000 films éphémères. Son objectif est aujourd’hui de collecter, de préserver et de donner accès « aux films d’importance historique qui n’ont pas été collectés ailleurs 3  », principalement des films éducatifs, gouvernementaux, commerciaux, et des films amateurs.

Les Archives Prelinger doivent leur popularité au modèle de diffusion en libre accès proposé par leur site web hébergé sur Internet Archive 4  : les films sont libres de droits, téléchargeables en différents formats et donc réutilisables pour tout type de projet (éducatif, scientifique, artistique, etc.).

Les Archives Prelinger

Prelinger n’est pas le seul à agir de la sorte. D’autres collectionneur·euse·s ont adopté des modèles quelque peu similaires : les A/V geeks de Skip Elsheimer 5 ou encore Periscope film 6 (collection de films militaires), pour ne citer que quelques exemples. Ce type d’initiative s’étend maintenant aux archives institutionnelles, comme la Library of Congress et la NASA aux États-Unis, l’Office national du Film au Québec ou l’Institut national de l’audiovisuel en France (même si leurs services ont souvent une contrepartie payante).

Ce qui motive principalement ces projets, c’est le potentiel historique, mémoriel et même parfois anthropologique que revêt ce type de films. Comme l’explique Prelinger, ces films ont une « signification historique » et doivent être montrés et partagés pour ces raisons : ils représentent une façon de lire l’histoire en dehors des longs métrages narratifs plus traditionnels. Ils se situent à la périphérie de la culture en tant qu’objets filmiques et archivistiques. Ils sont également ce que Sandusky appelle, en une formule explosive et sans doute volontairement provocatrice, des « artéfacts cinématographiques toxiques 7  » : c’est-à-dire toutes ces productions culturelles conçues pour divertir et contrôler et qui, une fois réemployées dans de nouveaux contextes, mettent en lumière, voire même en accusation, la société qui les a produits.

Traditions de réemploi des films éducatifs par les cinéastes expérimentaux

Si le modèle de diffusion d’un projet tel que les archives Prelinger est une inspiration évidente pour ce que nous voulons faire avec Cadavre Exquis, nous aimerions également nous inscrire dans une tradition de réutilisation et de jeu expérimental qui s’appuie sur des méthodologies et des rencontres surréalistes.

Les films éducatifs sont principalement sauvegardés et partagés par des collectionneur·euse·s et des archives qui voient en eux une importance historique et mémorielle. Mais ils ne sont pas les seul·e·s acteur·rice·s de cette préservation. Tout au long de l’histoire du cinéma, les cinéastes expérimentaux se sont toujours intéressé·e·s à ce type de matériel. Ces artistes leur ont donné un large éventail de valeurs qui ne sont pas toujours traditionnellement reconnues par les archivistes ou les collectionneur·euse·s : en plus des valeurs historiques et mémorielles plus évidentes, voire sociologiques et anthropologiques de ces films, le travail des cinéastes expérimentaux a également pris en considération leurs valeurs humoristiques, esthétiques, politiques, poétiques ou affectives, par exemple.

La tradition de réemploi des films éducatifs n’est pas nouvelle. Elle a été constante tout au long du développement du cinéma expérimental, avec des œuvres telles que :

  • Untitled Collage Film (Joseph Cornell, 1943-1955), une découverte récente du MOMA dans laquelle Cornell utilise des films scientifiques et éducatifs ;
  • Mongoloid (Bruce Conner, 1978), un célèbre collage filmique réalisé pour la chanson de Devo ;
  • Dangling Participle (Standish Lawder, 1970), une œuvre qui pose un regard satirique sur les anxiétés liées à la sexualité chez les adolescents, remonté à partir de films d’éducation sexuelle ;
  • Mercy (Abigail Child, 1989), 7e volet de sa série Is this what you were born for?, un montage brillant de films éphémères explorant le corps et la technologie ;
  • Electricity (Bill Morrison, 2017), un film commandé par le Museum of Science and Industry de Manchester fait à partir de la collection de films éducatifs et promotionnels de la British Electrical Development Association ;
  • Under the microscope (Michaella Grill et Sophie Trudeau, 2021), un film récent qui retravaille des films de microscopes scientifiques des années 1920 et 1930 en utilisant des techniques qui ressemblent aux premiers cyanotypes et aux teintes et tonalités des films des premiers temps.

Ces réemplois nous permettent de voir les films sous un autre angle et de les intégrer au sein d’une nouvelle narration, parfois assez éloignée de l’objectif initial. Elles constituent parfois également la dernière trace de certains films qui n’ont pas été conservés ailleurs. De plus, d’un point de vue archivistique, elles attirent l’attention sur la vie des archives cinématographiques en dehors de leurs modes traditionnels de conservation.

À titre d’exemple, nous pouvons suivre le film Living in a Reversed World, sorti en 1958. Ce film éducatif est l’un des deux films produits par le professeur Theodor Erismann et son assistant et chercheur Ivo Kohler à l’Institut de psychologie expérimentale de l’Université d’Innsbruck en Autriche. Il se compose de plusieurs expériences de perception (connues sous le nom de « Innsbruck Goggle Experiments ») au cours desquelles Kohler porte un dispositif qui inverse ses champs de vision (par exemple en inversant le haut et le bas ou la gauche et la droite). Le film montre ainsi les étapes d’adaptation de la vision à de nouvelles situations et donne lieu à de nombreuses situations comiques où l’assistant effectue des tâches quotidiennes de manière inversée.

Living in a Reversed World fait partie de la collection de films 16 mm de l’UdeM. On peut supposer qu’il a été enseigné en classe dans les années 1960 et 1970. Il apparaît également en ligne, sur YouTube, ou dans diverses collections comme celles de l’A/V geeks de Skip Elseheimer sur l’Internet Archive. Il a fait l’objet de publications scientifiques et possède même une page Letterboxd 8 .

Le film est également célèbre pour figurer à la fin du 6e chapitre de l’œuvre Film Ist de Gustav Deutsch. Film ist. 1-6 (1998) est la première partie d’une trilogie de films de found footage créée par Deutsch, dans laquelle il s’intéresse au premier lieu de naissance du cinéma : le laboratoire. C’est dans plusieurs séquences du chapitre 6 — Ein Spiegel (Un miroir) (1998) qu’apparaît Living in a Reversed world, où le cinéaste joue avec la perception, la vision et l’effet miroir, plaçant le film en résonance et en dialogue avec d’autres films scientifiques étranges.

Theodor Erismann, Living in a Reversed World (1958)

Gustav Deutsch, Ein Spiegel (Un miroir) de Film ist. 1-6 (1998)

Cadavre Exquis

Le destin de ce merveilleux film autrichien ne s’arrête pas là. Lors d’une performance de cinéma 16 mm pour trois projecteurs organisée par Cadavre exquis en septembre 2021, une copie de ce film a été projetée aux côtés du terrifiant film de 1932 Experiments upon a human and a chimpanzee infant, et d’un documentaire français de 1972 sur les origines de l’alphabet. L’événement était censé être une « battle » de films scientifiques 16 mm, en grande partie improvisée, pour laquelle trois projectionnistes avaient chacun présélectionné une douzaine de films de la collection. Pendant les 50 minutes de la performance, ils les ont fait défiler, en essayant de créer des combinaisons surprenantes (personne ne savait ce que l’autre avait dans sa pile de films). Les sons optiques des films étaient remixés en direct par l’artiste sonore Anne Françoise Jacques. Le hasard des opérations et les merveilles du montage ont créé des stratifications poétiques désordonnées, souvent étonnantes. Les films de formation pour la gestion des ressources humaines, sur la vie des mollusques, l’expérimentation des vitesses radiales ou les événements de terrain choisis créaient des liens latéraux que l’esprit du spectateur était invité à assembler, à penser ensemble, et produisaient parfois des synchronicités inattendues, sinon miraculeuses.

Performance de cinéma 16 mm pour trois projecteurs organisée par Cadavre exquis en septembre 2021

Cette manifestation était la deuxième performance de Cadavre exquis. Plus tôt, toujours à l’été 2021, dans le cadre de l’initiative OK LÀ 9 , un premier événement impliquait cette fois quatre projecteurs et une performance du Quatuor Bozzini, invité à improviser sur une projection en quadryptique de huit films. Chaque membre du quatuor disposait respectivement d’un bouton de volume et pouvait introduire dans le « mix », le son de films. Dans une première partie, la contrainte s’élaborait à l’aide de films déjà vus, mais pour la deuxième partie de la performance, les membres du quatuor n’avaient pu voir qu’un seul des quatre films : la dissonance entre les images se reflétait dans l’entrelacement des improvisations musicales.

Deuxième performance de cinéma 16 mm pour quatre projecteurs avec improvisation du Quatuor Bozzini, dans le cadre de l’évènement OK LÀ, été 2021.

Parallèlement à ces performances en direct, Cadavre exquis a également invité des artistes à réaliser des films à partir d’œuvres de la collection de films (comme À pas de loup 10 , 2022), une reprise du film Biomechanics of Walking de 1972 par le cinéaste Samy Benammar), ainsi que des articles de type « écriture automatique » utilisant comme source d’inspiration des films de la collection 11 . Dans chaque cas, un niveau de contrainte (conforme à l’esprit de l’OULIPO) et de curiosité désordonnée qui caractérise le Cadavre exquis surréaliste entrait en jeu.

Image du film À pas de loup, Samy Benammar (2022), à partir du film éducatif Biomechanics of Walking (1972)

Le projet continuera de se développer dans les prochaines années, à travers différentes manifestations expérimentales réalisées en collaboration avec des collectifs et des cinéastes et différents partenaires. Nous avons également le projet de numériser, avec notre nouveau scanner MWA Flashscan NOVA, une partie importante de la collection, et nous espérons créer d’ici un an un dépôt et une base de données en ligne en libre accès qui permettra différents types de recherche (par titre, thème, année, pays, catégorie). Nous souhaitons également mettre en place un moteur de recherche par reconnaissance d’images qui inscrira de facto, dans le processus de recherche, une logique combinatoire. Le dépôt sera un outil pour les universitaires, les cinéphiles, les historien·ne·s du cinéma et les artistes qui, nous l’espérons, plongeront dans la collection et proposeront de nouvelles œuvres et de nouveaux regards sur celle-ci. Notre volonté est bien sûr de maintenir les projections des copies et de continuer à valoriser le matériau filmique lui-même, tout en tirant le meilleur parti des outils numériques.

Cadavre exquis est une initiative qui s’inspire des Archives Prelinger et de sa culture du mash up, mais aussi d’autres initiatives récentes, telles que l’Open Memory Box 12 ou l’Enthusiasts Archive (projet polonais de ciné-club amateur 13 ). Tous ces projets montrent que les approches créatives, ouvertes et expérimentales peuvent être des partenaires « exquis » dans la tâche de valoriser et de rendre visibles les secteurs marginalisés de notre histoire culturelle audiovisuelle, en donnant vie aux archives en dehors des archives.

Notes

  1. Frick, Caroline, Saving Cinema. The Politics of Preservation, Oxford, Oxford University Press, 2011, p. 135-136.
  2. Ibid., p. 210.
  3. Prelinger, Rick. « About Prelinger Archives ». Prelinger Archives, 2007.
  4. https://archive.org/details/prelinger.
  5. https://avgeeks.com.
  6. https://periscopefilm.com/.
  7. Sharon Sandusky, « The Archeology of Redemption: Toward Archival Film », Millenium Film Journal, no 26, 1993, p. 3‑25.
  8. https://letterboxd.com/film/living-in-a-reversed-world/.
  9. L’organisme se décrit en ses termes : « OK LÀ est une série d’évènements à géométries variables dédiée à la diffusion de musique expérimentale et de cinéma performatif initiée par Michaël Bardier et Charles-André Coderre via leur OSBL Autre position », https://okla.quebec/.
  10. Le film est diffusé sur la plateforme Zoom Out : https://zoom-out.ca/view/a-pas-de-loup.
  11. André Habib, William Gagnon et Maude Trottier, « Vies de l’algue unicellulaire d’eau douce balayées par le xénon », Hors champ, septembre/octobre 2021, https://horschamp.qc.ca/article/cadavre-exquis-3.
  12. https://open-memory-box.de/.
  13. https://entuzjasci.artmuseum.pl/en/.