J’ai beaucoup pensé à Lav Diaz cet été, sans doute pour avoir passé beaucoup de temps en sa compagnie, au mois de mai et juin. Et je trimballe ainsi depuis – comme cette « malle dans la tête » qui encombre, dont parle Proust — des liasses d’idées qu’il aurait fallu parvenir à colliger et organiser en un grand texte synthétique, qui se serait déplié en une vaste fresque composée et articulée, comme le sont chacun de ses films-monde. Plutôt, c’est quelque chose d’assez épars, de personnel, de trivial souvent, variant les focales et les échelles, les durées et l’esprit, qui s’est imposé. Des notes, encore.
Les personnages n’agissent absolument plus, parce que les intensités existentielles qui étaient accrochées à leur corps sont maintenant rendues nôtres. La disparition diégétique n’est pas l’annonce de la fin du monde, mais la motion vers une autre réalité sensible que nous devons exprimer, rallumer à notre tour.