Visions et la lumière collective présentent
VISIONS organise depuis six ans des séries de projections d’oeuvres cinématographiques et vidéographiques. À chaque événement que nous proposons, un.e artiste est présent.e, un public est présent. Car pour VISIONS, l’art cinématographique est d’abord un espace de rencontre – c’est un projecteur, ce sont des gens. Le cinéma est ce qui se produit autour – et non pas dans les images en mouvement. Il est le relais entre les images et le public – la friction entre le monologue de l’écran et le dialogue de ceux qui s’y confrontent.
Le Grand confinement a mis un terme à ce rassemblement des corps. Interruption momentanée de la mise en commun des « yeux pour voir » et des « bouches pour parler ». Dispersion de ce corps commun qui s’assemble pour affronter les images. Et pourtant, Le Grand confinement ne cesse de nous apporter une abondance d’images en mouvement…
On a l’impression que chaque distributeur et que chaque festival, à un moment ou un autre, en vient forcément à tout jeter en ligne… comme un rappel par et pour nous-mêmes que nous sommes toujours là. Mais même nous – les amoureux de l’art – finissons par nous détourner de ce flux continu… par dégoût. Plein, gonflé, incapable de digérer. Sans espace, sans cinéma et sans personnes pour les accueillir, les images défilent en boucle, sans que personne ne sache vraiment qui regarde. Des « qui regarde » que nous pouvons comptabiliser comme bon nous semble, mais que nous ne pouvons plus connaître.
Alors pendant ce temps, VISIONS attendait…
Pendant que nous attendions, nous pensions aux artistes que nous comptions présenter aux gens de notre ville. Ceux et celles que nous voulions accueillir, avec qui nous voulions communier. Pour un moment nous avons envisagé de mettre en ligne tous nos programmes à venir – les placer « dans l’éther » du web – mais nous avons aussitôt craint que l’apesanteur des images finisse par les faire disparaître toutes.
Alors nous avons patienté, encore. Nous avons pensé à nos connexions locales. Au microcinéma la lumière collective – nos partenaires engagés dans la présence, dans l’espace, dans les corps. Un cinéma. Nous avons pensé à nos ami.es qui écrivent et pensent à Hors champ – qui réfléchissent les images par le biais des mots, pour mieux nous faire voir. Et nous avons pensé aux mots comme moyen d’appesantir les images, comme manière de nous aider un peu à ralentir. Et à patienter, dans l’attente de se revoir.
La lumière collective, elle aussi et à sa manière, attendait. En organisant des projections en plein air et des événements de diffusion en direct. En préparant un nouveau site web (texte et vidéo) comme forme de résistance à la pandémie. Une sorte de machine d’attente…
Et maintenant – malgré tout – nous voilà : nous avons capitulé. Nous allons en ligne. Pour un certain moment à tout le moins… Et avec le sincère espoir que pendant ce temps, vous regarderez moins, et que vous lirez plus.
Au final, nous avons donc proposé à chaque artiste de ne partager qu’une seule œuvre. Et à chaque écrivain, d’en interpréter qu’une, de la manière qu’il le souhaite. La lumière collective sera notre microcinéma virtuel. Et Hors champ notre éditeur virtuel. Nouvelles combinaisons. Nouveaux exercices. Nouvelles expériences. Ensemble, nous nous engageons dans un projet fait d’espoir pour l’avenir. Un avenir de collaboration, de mise en relation d’images et de mots. Un avenir de collectivités locales à nouveaux réunies. Un avenir où la confrontation des images se fera en personne, et de plus belle. Voilà donc pour l’instant où nous en sommes… dans l’attente d’y être vraiment.
Nous patientions toujours.
Dans l’attente de vous revoir.
Et de voir avec vous.
* Benjamin R. Taylor est Directeur artistique de VISIONS et membre de la lumière collective.
Les textes de ce dossier dans la série CRITIQUES sont présentés par VISIONS avec le soutien du Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts et lettres du Québec et le Conseil des arts de Montréal.
Ceux de la série EMERGENCE sont présentés par la lumière collective avec le soutien du Conseil des arts du Canada.
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Le texte a été traduit de l’anglais par Renaud Després-Larose