Pouvons-nous vivre excessivement ?

Tarentisme — Carnets #1 et #2

Sopravvivvenza
02-2024 – 08-2024

Depuis 2020, Prune Paycha explore, à travers la photographie, des questions de croyance et d'invisible, thématiques qui l'ont menée vers l'étude de l'apparition des saintes et des saints. En 2022, à l'issue de la projection du film Il Demonio (Brunello Rondo, 1967), programmé par Kier-La Janisse dans le cadre du festival Fantasia en 2022, la photographe-chercheuse noue un intérêt plus spécifique pour les thèmes croisés des femmes et de la folie, du langage, du corps et du collectif, de même que pour le tarentisme, cette tradition de l’Italie du sud qui consiste en une danse performée spécifiquement par des femmes.

En février 2024, Prune Paycha effectue un premier voyage et d'enquête sur le terrain de ce mystérieux rituel, en Italie. Tandis que dans ses recherches, la photographie lui sert d'outil pour explorer la croyance, au prisme de la valeur testimoniale (reproduction de la réalité) du médium et de sa capacité à convier les esprits (avec la photo spirite, par exemple), la chercheuse — endormie dans le train qui relie Milan à Gênes — se fait voler le sac contenant son équipement photographique.

Si, dans les carnets de voyage qu'elle nous offre, la photographe lève ainsi un coin de voile sur son travail en cours en agençant images et pensées, c'est à la fois pour s'interroger sur la manière dont la société permet ou non l'expression des émotions, particulièrement chez les femmes, mais pour réfléchir dans le même élan ce que construit d'expérience la perte de son médium de prédilection (une partie aussi de son travail passé) et la rencontre des personnes pratiquant le tarentisme, en sa thérapeutique même.

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Milan — Gênes.
Premières notes du voyage #1, datant du 15 février 2024, aux alentours de 18 h 15, écrites dans un train en préparation de ma rencontre avec Valentina.
Quelques questions pour guider l’entrevue :

Cette pratique fait-elle partie de votre histoire familiale ?
Quelle place pour la femme ? Pour l’individu vs le groupe ?
Un rapport au théâtre ? Codes ? Liberté ? Rébellion ? Guérison ?
Pouvoir d’être ensemble.
...
Il faut-y croire, sans quoi, rien ne se fera.


N’est-ce pas d’ailleurs le sujet de cette folie ?

Je m’endors.

Jusqu’au 19 février : VIDE.

Le 15, aux alentours de 19 h 30, je me fais voler mon sac.

Le 19, je note :
Vol de mes photos.
Vol de ma mémoire.
Carnet disparu, notes de mars 2023 jusqu’au 15 février 2024.


Puis :
Valentina dansant comme un ange.
Elle porte une robe bleue, celle de sa mère. Lui va comme un gant.
Tentation de l’image en mouvement pour conserver Valentina dansant dans le soleil du midi sur cette placette trouvée par hasard.

Une femme âgée passe. Elle nous envoie un petit baiser de la main.

J’espère. Ô, j’espère l’image.

Espérer l’image. Mais laquelle ?
Quelle intime distance dois-je inventer pour photographier ce rituel qui n’existe plus, et plus largement, le sens de cette pratique disparue ? Il me semble qu’il faille faire preuve d’une agilité qui semble échapper au langage.
Privation du logos = folie.
Photographie = folie ?
Possible.

La forme de ce travail est à trouver. Elle flotte, elle aussi elle danse. Échappe. Elle demande l’élégance d’une approche qui prend garde à ne pas folkloriser, à ne pas cataloguer. Dans cette affaire, jamais je ne me suis demandé si l’araignée était réelle. Tarentule symbolique qui mord la femme qui entre dans la transe. La transe, elle, je la sais réelle. Peu importe d’ailleurs, ce que réel peut bien vouloir dire.

Il faut y croire, c’est tout.

En m’engageant dans ce travail, je voulais réfléchir à ce qu’est une croyance. Vite, cette question est aussi devenue celle de savoir ce qu’est une image.

Une preuve ?
Une histoire en devenir ?
Quelque chose nait dans cette fracture.

20 février — pas de mention d’heure.
Gênes, toujours. Alors que les terres du tarentisme se trouvent au Sud de la botte, c’est ici que tout commence par la rencontre de Valentina. Elle vient de Calabre. Elle qui a beaucoup voyagé, voulant renier sa terre, parle de lutte avec ce territoire qui oppresse autant qu’il la définît. Le jour de notre rencontre marquait l’anniversaire de la mort de sa mère. La discussion commence sur cette émotion. La mère est morte, ses souvenirs perdus dans la maladie. Valentina, elle, se souvient encore. « I feel like a ballerina », disait la mère, clouée au lit. À mesure que la démence progressait, elle ne voulait plus que danser. Alors, je serais tes jambes. 

Et Valentina dansa. 

Notre échange se poursuit et je comprends qu’il s’agit d’une transformation, d’une mutation. Que ce rituel dans l’intensité de sa danse est une métamorphose réintégratrice. La femme devient araignée, l’araignée redevient femme. Le monstre est en nous, nous sommes le monstre. 

I will dance your madness.

Quand j’écoute Valentina et quand je la vois danser, je comprends la puissance du rythme, la rapidité contagieuse de sa cadence que ses pieds imitent. Il n’y a pas de chorégraphie à proprement parler dans cette danse. Tambourin, accordéon, violon. Chant. On invente avec acharnement sur le rythme ternaire de la musique. Encore, encore, encore. On crie. On se jette par terre. Il y a du théâtre. Une énergie unique surgit de ce mélange de masques et de vulnérabilité. Par le spectacle, on renait. Tout est question de transformation. Par le choc de l’altérité que l’on fait sortir de nous, autorisée à toutes les excentricités, libres d’être monstrueuses.

La sauvegarde des images devient une obsession. Et si je perdais une pellicule ? Est-ce mieux de les laisser dans l’appartement ? Et si j’étais cambriolée ? Toutes les nuits, je fais l’inventaire des images perdues, chaque nuit un peu plus précis.
 
Je pense aux autres négatifs.
 
Et si tout brûlait ?
Une envie difficilement contrôlable de tout rassembler dans un seul endroit m’empêche de respirer. L’épreuve du feu. Après tout, rien ne survivra. L’image ne peut de toute façon jamais tout concentrer. Je trouve ces images disparues pesantes. L’invisible a un poids.
 
Je vais acheter des crayons de couleur.
J’essaie de ne pas perdre la couleur de mes souvenirs.
Le présent lutte avec le passé. Le choc du vol ne me laisse aucune autre manière d’être que d’évoluer dans un présent absolument immédiat. Je ne suis que là.
 
Contradictions, codes, émancipation.
Le cercle de la danse est un autre monde. L’individu face au groupe. Tradition magique. Tension de la folie autorisée dans la société méridionale très codifiée, structurée autour de la famille traditionnelle et du travail des champs. Je me demande si la chaleur a un rôle. Quelle est la lumière de cette terre ?

Quelque chose de sacré qui se redéfinit à travers la crise autorisée.
Magie-croyance-folie.
Il faut aller ressentir le PAYS. Ce sera pour plus tard. Voyage écourté.
Je nai plus envie d’être là.
 
24 avril 2024, Montréal.
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Mes femmes ont l’air de madones tristes sous le soleil d’un pays généreux. Palmiers, pierres, pieds nus, mains dans leurs voiles. Je dois faire des tirages pour mieux les voir. Les remettre dans le monde et évaluer comment elles y re-vivent. Ce qu’elles disent. Leur accorder une nouvelle métamorphose.

Présence constante
folie
dépouillement — épaisseur de lhistoire

Mémoire. Témoignages.

Quelque chose souvre.

Il faut que je reparte.


11 août 2024
L’objectif de ce voyage m’échappe un peu, à part qu’il satisfait mon entêtement.

14 août 2024 - Presicce-Aquaricca, 14h
Beaucoup d’énergie et d’aventures pour arriver ici.
Bagage perdu retrouvé. Chaleur accablante, brutale.
Vélo dans le train, impossible de faire la route en pleine canicule avec le retard que j’ai
pris à cause de la correspondance manquée et du sac perdu. Objectif: rencontre publique
autour du tarentisme animée ce soir par l’écrivain Vincenzo Santoro.

20h00
J’engloutis ma glace à la pistache caramel beurre salé. Je fonce à la rencontre. Je l’enregistre.
Solitude + barrière de la langue. Difficulté mais le goût de l’errance est meilleur que celui du doute, pour une fois.

15 août 2024 - 6 h
Debout. Sac. Départ. Direction Supersano.
L’odeur du feu quand je traverse les champs d’oliviers est encore forte. Il fait déjà chaud alors. Les troncs craquent, on imagine facilement les flammes.
Dans ce paysage crépusculaire, je me demande pourquoi se donner autant de mal pour retenir les choses, les empêcher de disparaitre. À commencer par la lumière du matin qui file en quelques instants, dorée, un peu plus de magenta que celle du soir, plus bleue. À peine capturée, la voilà disparue. J’espère — encore — l’image.

Quand De Martino et son équipe de chercheuses et de chercheurs entreprennent ce même itinéraire en 1959, la documentation du tarentisme qu’ils ramènent est à la fois des plus complètes, en assurant ainsi sa « conservation », et des plus fatales. Il semblerait que la disparition du rituel coïncide avec son immortalisation par ces textes, dessins, photos, et sons. Troublante coïncidence temporelle. Y aurait-il un lien de cause à effet ? Devenus archives, les corps ne peuvent-ils plus être les vecteurs présents, actifs, de cette pratique ? Je me demande si l’image ne nous rend pas étrangers à nous même, venant rompre le processus de réintégration de soi que cette transe permet. Et pourtant, la dimension spéculaire de cette pratique m’apparait clé. C’est parce qu’il suppose un collectif qui regarde, que ce rituel de métamorphose peut opérer. C’est parce qu’elle est vue que la tarentata peut tout à la fois devenir folle — ici le collectif agit comme condition, autorisation et cadre — en toute liberté, que son altérité peut culminer et se résoudre — le collectif devenant alors compatissant et salvateur.

Arrivée à Supersano, devant mon futur logement. J’attends Silvana qui doit venir me donner les clés car Giovanni est parti à la plage. J’adore débarquer dans d’autres vies comme ça. La voisine ne manque pas de remarquer mon arrivée et, après évaluation, derrière ses volets, la voilà qui me propose une bouteille d’eau et un café. Capital sympathie de la photographe à vélo +++.

Silvana arrive et, après m’avoir montré les lieux, m’invite à manger chez elle.
Je pose mes affaires et m’aventure un peu partout dans la maison vide. Décoration très italienne, des Vierges à l’enfant de toutes sortes.
Silvana habite la porte à côté. Son mari, sa sœur et son mari (?), et Maria-Rosaria m’accueillent. On mange du lapin. La discussion est enjouée, bien que très lacunaire, entrecoupée de quelques silences. Mais Silvana parle français et plutôt bien. J’adore la voir fanfaronner devant ses invités. J’aime sa franchise et sa générosité. Elle est aussi très sensible aux gens et dès que la fatigue du voyage me tombe dessus — précipitée par le mousseux qu’ils me servent constamment — elle m’envoie me reposer.

Je suis ici pour assister aux fêtes de Torrepaduli, 10 minutes à vélo de là où je dors.

On célèbre San Rocco, on danse la pizzica pizzica et la danse des épées. Tout le monde est dehors. La statue de San Rocco est déplacée d’un sanctuaire à un autre accompagné par une procession à travers le village. Les sons, les voix — chants et murmures — la musique, tout se mélange dans une atmosphère d’euphorie contenue, de religiosité et superstition. Malgré mes recherches, certains événements des célébrations étaient passés sous mon radar. Mais le hasard — qui m’a donné quelques coups de pouce significatifs durant ce voyage — a fait que j’ai déboulé à vélo en plein milieu de la première procession pour ma plus grande joie. La suite est un soir de grande fête. Les prêtes s’affairent autour du sanctuaire. San Rocco exhibe la plaie de sa cuisse. Je ne peux pas m’empêcher de regarder le visage maquillé de cette statue…
À mesure que la nuit avance, les chants et les danses se répandent sur la place de l’église.

Dérivée de la pizzica taranta (tarentelle), la danse des épées est une danse strictement masculine. La Danza delle Spade met en scène un duel symbolique entre deux hommes, qui simulent un combat sur fond de tambourins et de chants. Cette tradition possède une riche signification historique et religieuse. San Rocco, saint guérisseur, est au cœur d’une légende où il enseigne l’art de l’escrime à ses compagnons de captivité, une compétence qui se retrouve ensuite dans la danse des épées.

Je regrette.
De ne pas avoir pris plus de photos et de ne pas avoir plus enregistré de sons. J’essayais de comprendre et de vivre les choses.
Je regrette. Ce regret va me hanter le lendemain. Ni mon équipement ni ma méthode n’étaient adéquats ce soir-là. L’énergie qui se dégageait des gens me traversait. C’était impossible d’avoir du recul, de comprendre ce qu’il se passait. La simultanéité des danses et des chants faisait que tout échappait à mon contrôle.

Il faudra que je revienne.

J’espère tant l’image que je vis aussi dans le cimetière de celles que je n’ai pas faites, pour une raison ou pour une autre. En rentrant ce soir-là, dans la nuit noire, sur la route sinueuse sans éclairage public, la balade avec ces images fantômes était longue.

16-17 août, Supersano-Alessano-Supersano-Corsano.
Je dors mal.
J’essaie d’organiser quelques portraits. Les gens que je veux photographier sont dans le Sud, là d’où je viens. Je décide d’y retourner et de faire des allers-retours dans la journée. Ce qui est un peu ambitieux et demande de l’organisation, car je ne peux pas prendre la route trop tôt dans l’après-midi, il fait trop chaud, mais je ne peux pas rentrer trop tard dans la nuit. NB : mieux s’équiper pour les trajets nocturnes.
Je finirai par rentrer plusieurs fois de nuit : quelques frayeurs et beaucoup de beauté.

J’ai la chance de rencontrer Maristella, une femme importante dans la survivance de la tarentelle. Valentina — que je commence à considérer comme un ange gardien — m’a mise en contact avec elle et me voilà, quelque 40 km plus tard, attablée avec elle. Elle me parle de son chemin vers la danse, vers cette pratique précisément, et des liens qu’elle entretient avec les musiques berbères. Elle me parle de la vertu du choc, du déplacement, pour engager une mutation. Je sens que c’est la manière dont elle vit sa vie, dans cette esthétique du choc et de la métamorphose. Je lui demande ce qu’elle pense du fait que moi, qui suis extérieure à ce territoire et à cette tradition, vienne jusqu’ici pour travailler sur cet obscur rituel que le Salento lui-même essaie d’oublier. Elle me répond que ce qui vient perturber l’ordre établi est bon, qu’en faisant ce travail, je redistribue le réel, d’une autre manière.

Je le transforme.
Et moi avec.

Le soleil se couche.
Il faut que je prenne la photo.
Elle me donne quelques fruits délicieux pour le retour.
Je remballe.
Je repars.


La nuit tombe.

J’ai un peu peur.

18-19 août, Galatina.
On m’a dit qu’en été, il ne pleut que deux jours.
Je peux maintenant confirmer.

Ces deux derniers jours commençaient par des orages et une pluie froide !

Depuis la pénombre de la chambre, j’écoute le tonnerre, fenêtres ouvertes, lourds rideaux vert olive qui volettent tranquillement. Je pense qu’Alain Delon est mort ? Mon italien n’est pas excellent, mais à en croire les films avec lui qui tournent ces jours-ci, c’est ce que j’en déduis.


Retenue par la pluie, je décide de rester à Galatina et d’aller visiter le petit musée de la ville.

Dans l’histoire du tarentisme, Galatina est considérée comme un lieu important. À partir du XVIIIe siècle, pour faire face à un phénomène échappant au contrôle ecclésiastique, l’Église catholique a désigné saint Paul comme protecteur des tarentulées. Le tarentisme est devenu un rituel d’exorcisme dans lequel ni la musique ni le collectif n’agissent comme soin. C’est à saint Paul que les tarentulées doivent leur rédemption. Autrefois, cette région de la province de Lecce était considérée comme un « fief sacré » protégé par le saint. Selon une légende locale, saint Paul aurait immunisé cette terre et ses habitant.e.s contre les morsures d’animaux venimeux, en remerciement de l’hospitalité qu’ils lui avaient offerte lors de son voyage d’évangélisation vers Rome. C’est donc entre les murs de la minuscule chapelle que les femmes venaient se soigner.

Le musée de Galatina conserve dans ses couloirs et ses quelques salles aussi peu fréquentées qu’entretenues, des photos des dernières tarentulées convergeant vers la chapelle. Ces images sont édifiantes. Ce sont elles que j’ai d’abord découvertes en débutant mes recherches. On y voit des femmes vêtues de blanc, grimper sur l’autel, se rouler par terre… Le mélange des corps fatigués, éprouvés, à la gestuelle suggestive et du religieux accentue l’érotisme latent de la danse. Les tirages semblent parfois être des reproductions de médiocre qualité, quelques cadres ont pris l’eau, les papiers gondolent… mais en voyant ces photos, on ne peut pas être saisis par l’étrange énergie qui s’en dégage. Quelque chose de morbide. De trouble. D’incroyablement libre. Ces femmes, qui s’exposent, qui se rendent follement vulnérables sur la place publique, qu’expriment-elles ? Quel mal — souffrance intérieure ou violence subie — cherchent-elles à sortir d’elles ? En quoi se métamorphosent-elles ?

L’ultime mouvement qui parachevait la guérison était celui par lequel femme et araignée ne faisaient plus qu’une. Cette fusion entre la femme et l’araignée évoque de nombreux mythes fondateurs, notamment le mythe grec d’Arachné, une jeune mortelle et talentueuse tisserande, qui fut transformée en araignée par la jalouse Athéna. Le tarentisme s’inscrit dans cette tradition allégorique, où métamorphoses et éléments fantastiques donnent naissance à une hybridité surprenante : les danses saccadées, suggestives et envoûtantes des tarantate présentent souvent la figure de la femme renversée, marchant sur les mains, incarnant ainsi celle par qui le mal surgit. C’est à cet être composite, à la fois dérangeant et matriciel, que je m’intéresse.

Si le rituel s’est effrité avec le temps et les mutations de la société salentine, que reste-t-il de cette gestuelle troublante qui irrigue encore les films d’horreur contemporains ?

De quelles peines millénaires, la tarantata est-elle porteuse ?

Déjà, je songe au prochain voyage.

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Merci à toutes celles et ceux qui ont accepté de me rencontrer sur ces chemins italiens et de partager leur temps ainsi que leurs histoires.