Noël
Trois Films de Noël
Le matin du 25 décembre, des gens respirent quelque chose du bonheur et ce butin précieux leur sort doucement des narines et de la bouche comme une boucane de locomotive. Sur le manteau craquant de l’hiver, les mains dans les poches, leur pas est généreux et pressé. Vous soupçonnez d’ailleurs avec raison que les énergies de la saison en pourvoient la cadence. Mais au-delà des apparences, en ce jour de Noël, à quoi pensent les gens ? Le philosophe Alain écrit que la grande Nuit de Noël nous invite à adorer l’enfance, l’enfance en elle et l’enfance en nous. Par les histoires de nos images, Noël s’appliquerait à détailler de tendres retrouvailles. De parler d’un retour vers une sorte d’émerveillement, comme si ce jour était casqué d’une Étoile située au cœur de la Création, me semble assez juste. Mais si l’adoration peut avoir la patte un peu lourde, nonobstant la myrrhe et l’encens, c’est peut-être que la nouvelle foi commande d’autres vœux et d’autres désirs, tous, orientés vers l’instantané. Le goût du jour. L’ancienne foi, dit mon père, se contenterait d’une orange. Ou peut-être, souhaitons-lui, de quelques images. Aujourd’hui, si une branche aux ombres bleues s’étend sur la route blanche, je la contourne au moyen de grandes enjambées ! À Noël, écoutez autour de vous et constatez que partout, des gens décidés parlent du Cinéma avec l’assurance d’un barbare adressant à Crom de ferventes prières. Valéria, avec ses airs de gazelle, travaille aujourd’hui. Au restaurant, je l’entends se féliciter de travailler un 25 décembre avec autant d’ardeur qu’un jour ordinaire. J’ai envie de la féliciter à mon tour en posant sur sa hanche une main blanche, mais je m’abstiens et m’en remets à des gestes chastes. Des inclinaisons de la tête, des silences obstinés qui donnent des ordres muets. Café noir par ici. Des œufs brouillés. Du bacon aussi et bien sûr des saucisses papillon ! Mais pourquoi Edward Yang ? me demande Léa qui vient de nous rejoindre. Valéria voulait pour Noël un jean élégant qui, grâce à un gousset à fermeture velcro, lui permettrait d’y dissimuler la pointe d’une flèche. Un carreau tranchant, disait-elle, pour défier les prédateurs et combattre le mal.
— Une demoiselle porte un tel pantalon dans un film d’Edward Yang ? questionne René, étonné à la fois par ce souhait de Valéria, mais surtout, de ne pas connaître le film en question.
— Oui, un tel pantalon existe, dans Le Terroriste, que nous regarderons ce soir, après Conan Le Destructeur !
Dans le repaire du déjeuner, je suis avant tout le client des charmes qui animent les gestes et les sourires de Valéria. Vous voyez la serveuse, celle, là-bas, qui émane des vapeurs de la plonge en dévoilant aux esprits indomptés comme le mien une grâce imprégnée sensuellement dans la mécanique de sa profession à laquelle, j’en ai bien peur, elle rend tellement honneur que celle-ci se fond dans l’ombre de sa beauté, oui, elle, c’est Valéria. Je me penche pour mieux l’admirer et je croise alors le regard de mon ami Étienne Pilon, le célèbre acteur, qui déjeune avec sa femme et son fils. Il porte le costume d’Hamlet, en retrousse les manches bouffantes et m’adresse le sourire de la cordialité en passant une main dans ses cheveux soyeux. Adepte ambitieux de l’art du déjeuner, il a desserré sa ceinture de quelques crans. Je le salue vivement de la tête ! René, Léa et moi, les matins de Noël, déjeunons dans ce restaurant depuis des années ! Nous dressons un programme de Cinéma pour la journée. Avec une clémence et une générosité qui doit nous provenir de l’enfance, nous parlons, nous chantons et nous débattons ! Avant, je m’intéressais à Ovide et je vous assure que j’en étais un acteur magnifique. La preuve, je sais gloser pour donner des paratonnerres à ma prose. Je viens de citer un des rares poèmes du barde Ferron. À cette époque, j’arrivais à pourfendre les Intouchables et à déboulonner les Mythes avec une adresse de mousquetaire ! En dépit de leur qualité, vous vous doutez bien quand même qu’une fragile poignée de films continuent d’entretenir un dialogue élastique avec mon imaginaire. Vous l’avez deviné ? Il s’agît des films de l’enfance, c’est-à-dire, ceux qui précèdent à l’éveil de ma vocation. Car avant Brazil de Gilliam, Hana-Bi de Kitano et Playtime de Tati, il y a eu Commando, Red Sonja, Die Hard et Conan.
— Ce matin, si je me sens, chère Valéria, particulièrement disposé à parler avec vous de la supériorité de Conan le Destructeur à Conan le Barbare, c’est principalement parce que j’aime vos yeux couleur de miel et d’épices, que j’y vois des oasis spectaculaires, abimées dans les replis de tempêtes hyboriennes.
— Que lisez-vous ? me demande-t-elle.
— Flaubert !
Justement, je pensais hier à Conan le Destructeur et à cet abîme du lyrisme et du vulgaire qu’évoque Flaubert dans une lettre à Louise Colet. Le Flaubert de Salammbô, à mon avis, incarne l’élan d’un génie avorté, thésaurisé, celui de Howard, géniteur de Conan. Mais le génie de Flaubert précède celui de Howard. Pour toute réponse, il faudra s’en remettre au génie de Victor-Lévy Beaulieu qui écrit dans son désenchantement qu’il n’y a pas de passé, de présent ou de futur, et qu’il n’y a pas non plus de génie, seulement Des Femmes Et Des Hommes Qui Croient Aller Jusqu’au Bout De Leur Vie, En Usant De Leur Liberté, En Étant Abusé Par Elle.
— Beaulieu, me dit Valéria, est un barbare qui fait de la fièvre.
— Une belle fièvre ?
Remplissant ma tasse d’un liquide brûlant, délicieux et indispensable, elle en convient. Mais parlons de Conan, si vous le voulez bien. Elle le veut ! Noël est décidément un grand jour.
Aujourd’hui, les gens de partout et mes meilleurs amis surtout, parlent, même la bouche pleine, de leurs films de Noël favoris !
— La Vie Heureuse de Léopold Z !
— Trois Noisettes pour Cendrillon !
— Inception !
Que les faveurs du Miracle et de la neige vous enveloppent dans la clémence et l’ouverture ! Il le faut tout à fait pour accepter de passer de Conan le Destructeur à Inception ! De la lumière à la grisaille ! Cette Nuit, Valéria se penchera sur moi, me chuchotera que le courroux des Dieux ne pourra jamais nous séparer. Que même morte, elle déjouerait la vie pour revenir des ténèbres et combattre à mes côtés les Démons et les Fièvres ! Elle ressusciterait pour moi comme une image qui appartiendrait à ma peur, mais qui rejoindrait désormais le peuple des Rêves et les rangs du Courage. En attendant cette Nuit, avec ma fourchette, je torture les œufs de mon assiette en écoutant le couple de la table voisine parler Cinéma.
— As-tu vu Inception ?
— Mais ce n’est pas un film de Noël !
— En effet, c’est un film de Nolan.
— Imbécile !
Léa me donne un fulgurant coup de pied. Silence ! me chuchote-t-elle. Elle veut entendre. Une étoile est une chose brillante qui transcende les couleurs. À la radio, Gilles Vigneault chante qu’un Jésus est également né chez les Iroquois. Le rêve de Kamalmouk de Marius Barbeau enchante. Il s’agit d’un parchemin annoté par le barde Ferron. Il en lisait des passages à ses enfants le soir de la Nativité. Importuné par les rêves de Nolan, je dois remettre à plus tard celui de Marius, ce rêve improbable, mais je mentionne dès maintenant le parchemin, car je prévoyais pour Noël en faire la lecture à mes nièces et à mes neveux. Faute de ne plus parler de Conan le Destructeur ou du Rêve de Marius, nous écoutons religieusement, René, Léa et moi, le couple de la table voisine.
— Mais chéri ! Inception propose un Cinéma qui met le Rêve à l’exercice de manière concrète. Comprends-tu ? insiste la demoiselle. Le Rêve comme la facture d’une existence comptable ! Vous êtes dans ce Film animé de rêves impossibles. Le futur ! Des rêves sans le moindre soupçon de tendresse et de sensualité. Des rêves sans douceur ! hurle la demoiselle en s’arrachant les cheveux. La douceur !
— Chérie, mais qu’est-ce qui te prend ? Nolan est le maître du blockbuster d’auteur et Inception est un divertissement honnête !
— Mais le divertissement, ça ne suffit plus ! Dans ce Cinéma, le Rêve est une entorse au sommeil innocent. Est-ce vraiment possible de rêver d’autant de grisaille ?
Je vous jure qu’à cet instant, la demoiselle qui palabrait d’Inception avec une conviction si touchante s’est alors levée. Elle est montée sur la table avec ses bottes pleines de gadoue ! Vous vous doutez bien qu’une demoiselle qui, par un jour de Noël, grimpe sur une table à l’heure du déjeuner, les bottes pleines de gadoue, convie la curiosité à la prudence. Que nous veut donc cette demoiselle qui prend des moyens si grandiloquents pour se faire observer ? Naturellement, cette interrogation se grave dans tous les regards qui se posent sur elle. Nullement gênée par l’attention qu’elle génère, la demoiselle répond aussitôt à l’interrogation.
— Je suis ici, debout, ce matin, pour vous parler à tous du film Inception de Christopher Nolan ! Amis des déjeuners, enfants de la Crèche, croyants et mécréants, Pérutiziens, guerriers de la Forêt des Aveilles et Prince Danois, soyez donc lucides ! Vous l’avez sûrement tous vu ce Film ! Vous l’avez aimé ? Vous l’avez trouvé divertissant ? Intelligent ? En astucieux éclaireur, vous l’avez peut-être même comparé à du Bunuel de grande écoute pour ensuite vous féliciter d’être pour le bon peuple une aussi généreuse torche ! Mais pensez-y ! Si vous soustrayiez de ce Spectacle de Nolan toutes ses acrobaties, ses culbutes et sa fureur, convenez que vous obtiendrez en résultat une croquette assez banale qui ne fait qu’évoquer le Rêve pour mieux en anéantir le pouvoir ! Alors, si comme mon mari, vous vous réjouissez de revoir ce film pour Noël, soyez sur vos gardes et restez en contemplation devant la soustraction que je vous propose ! Ensuite, évaluez le charme de l’équation et surtout de son résultat ! Mesurez à lui cet outil de l’imaginaire qu’est le Rêve ! Redonnez ainsi un peu d’élan au charme des acrobaties, des culbutes et de la fureur qui fait figure d’enrobage ! Accordez-vous le luxe de rêver autrement les enrobages ! Salez avec un peu d’humour ! Épicez avec du sensuel ! Prétendez jouer le rôle du rêveur pendant quelques minutes, et, grâce à tout ce travail, dans le manège des ouvertures, enfin, appréciez ce pauvre ballet gris nommé Inception, qui serait, autrement, complètement ridicule ! N’est-ce pas ? Un bouilli indigeste et indigne du copieux déjeuner que pour m’entendre vous avez un instant délaissé ! Amis du Cinéma ! Vous souhaitant un Noël lucide et vous remerciant de votre gentille attention, je vous invite aussitôt à remédier à cette négligence en levant vos fourchettes et en croquant sans indulgence dans les aliments qui composent votre délicieux déjeuner de Noël ! Merci !
Je me demande alors, surtout le matin, devant la fissure de l’ordinaire, ses besoins et ses distractions, si l’art est capable d’élever l’homme ? René, équipé d’un saxophone et armé d’une longue épée à double tranchant, devant une assiette encore fumante, pour toute réponse, verse sur les asperges, le saumon, les feuilles de roquette, le pain baigné dans le jus de jambon, les oeufs bénédictins, toute la sauce hollandaise que Valéria a placé à sa disposition ! Le ventre vide, le Spectacle ne devient-il pas une absurde distraction ? Il faut déjeuner pour apprécier le Cinéma. Justement, Edward Yang n’est-il pas un cinéaste qui transcende cette fissure de l’ordinaire ? Dans le restaurant où nous attendons la fin du quart de travail de Valéria pour rentrer fêter ensemble la Noël, voir des Films et jouer dans la neige, Léa voudrait que je réponde à ce genre de question fondamentale. Mais en ce jour de Noël, encouragé par le caractère invitant de la lumière, c’est donc dire qu’elle est douce, je voudrais plutôt fumer une cigarette et méditer en promenade. La lune est ronde et sa blancheur mord dans le jour dont le silence n’est troublé que par la neige. Croustillante neige.
Je prends le couteau à ma ceinture et griffonne mes impressions sur la table. Je dialogue avec moi-même, glissant sur les terrains de l’analyse avec une sorte de désinvolture que je voudrais savante. Si je n’en ai pas le talent, j’aurai au moins recours à l’ambition, bref, à un peu de l’âme des brigands. Vous aurez peut-être comme moi noté dans un cahier cette phrase de Walser : Quelqu’un qui doit écrire peut-il ne pas boire son café le matin ?
Edward Yang carbure à l’angoisse. Je le soupçonne d’aimer trop peu le café. De quoi parlez-vous avec les inconnus ? Mais de Cinéma !
— Aux inconnus, je leur fais de petites confessions cinématographiques. Presque pour briser la glace. Mais de toute façon, à Noël, tout le monde veut parler de Cinéma !
— Tu vas nous charrier en nous disant qu’Edward Yang fait des films de Noël !
— Bien sûr. Noël est de toutes les fêtes, de loin, la plus angoissante ! Edward Yang n’est-il pas le Roi de l’Angoisse ?
Chez Yang, les hommes et les femmes se frottent aux inégalités qui font décoller le réel au réel. Ils enfournent l’ennui pour s’y nourrir d’illusions. L’appétit guide les principes du vivre ensemble dans les usages de l’enfer, l’antre gluant du royaume du succès. Edward Yang est donc animé d’un désir de cinéma plutôt commun. La conclusion a l’avantage d’être une feinte. Vous vous souvenez de la fin de son film Le Terroriste ?
— René et Léa ne s’en souviennent pas.
Quelqu’un va se tuer pour mettre fin à ses souffrances. Dans le Cinéma, le suicide ne m’apparaît jamais comme une solution plausible, toujours, ou presque, comme le fait d’un engrenage forcé par une écriture qui par cynisme ou faute d’imagination ne sait que s’orienter vers la Mort. Je me demande en quoi il est préférable à une fin heureuse et irrémédiablement fausse ? Tout comme les gestes idéologiques qui tuent ou qui sauvent, qui pardonnent ou qui condamnent, le suicide est une fausse note. René y voit une forme de victoire sur le mal. Une victoire jamais complète. Un geste de liberté comme le chantait le barde Ferron. Se tuer, avec toutes ses ramifications possibles, est la voie d’un salut. Retrouver le chemin du rêve d’Hamlet est une clé tangible.
Mais le rêve d’Edward Yang est trop révélateur pour être véridique. Pourtant, il se mêle parfaitement à la fiction. Vous ne vous douteriez presque pas qu’il s’agît d’un Rêve. Les ficelles y sont invisibles. Une intuition vous chuchote pourtant que les gestes détonent, articulés selon des principes issus de conventions. Dans le Rêve du Terroriste, un personnage tue son patron et l’amant de sa femme. Voilà les fantasmes d’une équation qui ne peut mener qu’à l’extermination, la logique noire du fait divers. La fiction vous surprend. Par contre, le Rêve est celui de cette femme qui va se tuer. Elle avait déjà imaginé cette finale dans un roman qui lui vaut un prix littéraire important. Pauvre femme, elle rêve de fiction ! Pour le suicide au cinéma, il y a les suicides de Kitano qui ne sont jamais des actes désespérés, mais plutôt des actes de maturité, presque des gestes d’amour. À la fin du Terroriste, la femme se réveille. Elle ne s’est pas suicidée ! Elle n’est pas morte, mais elle est sur le point de vomir.
— Est-elle enceinte ? me demande Léa, la bouche pleine de bagels.
— Non, elle est simplement dégoûtée de cette vision de la mort qui vient d’habiter son sommeil.
— Elle veut vomir cette vision afin de lui faire accéder au réel !
Les Rêves ont un domaine qui n’a pas de frontière. Edward propose le vomi pour en déterminer les contours. Hélas, il est secrètement admis que les rêves circulent dans le ciel surtout la nuit comme un réseau de constellations connexes, immuables et invisibles, avec en bagage une charge d’étoiles jaunes. Le Paradis et l’Enfer n’en sont certainement pas les pôles. L’axe par lequel se fondent peut-être ses fondations se situe dans l’homme. La mort qu’on se donne comme pour y accéder est chez Yang une clé. Je pense au prince Hamlet qui finalement ne souhaitait qu’être bien dans le Désir. Lorsque Ophélie meurt, son génie créatif s’amenuise. Il devient acteur. Les manigances cessent et le vrai désespoir commence.
Noël n’a rien d’un Rêve, mais tout d’un tourbillon, je le répète. Partout, le bonheur respire cette impression fiévreuse d’énergie créatrice noyée dans une intense fatigue et dans un désespoir comme aqueux, mouillé, mais par moment seulement. À Noël, le Monde visible annonce à ses clients qu’il est temps de faire mieux ! De changer, comme Scrooge, le cours de nos ambitions matérielles. Valéria, tous les soirs, rêve que j’abandonne complètement le Cinéma pour travailler au La Baie, dans le département du Basket-ball. Admettant qu’un tel département existe et que j’y serais heureux, la Nuit, la Forêt des Aveilles scintillerait quand même, chanterait et brillerait. Un autre rideau de neige s’abaisserait sur elle. Les échos d’un saxophone imaginaire se loveraient dans l’espace qui fondrait l’espoir en un bloc et dégagerait les voies d’aujourd’hui et de demain. Le Gouffre Maudit et la Forêt se rempliraient de notes. Tout le monde se dirigerait vers la Forêt. Il va pleuvoir, il va neiger. Les routes ne verront plus la différence. Mes désirs se seront suicidés et attendront le secours de Valéria. Si Noël s’adresse à l’enfance, pour moi, ce sera grâce aux images.
Un feu crépite dans l’âtre. Dehors, le mélange de neige et de lumière dore la fenêtre dans laquelle je ne m’empêche pas de chercher mon reflet comme pour le voir s’imprégner du froid que je n’ose plus braver, sinon pour aller déjeuner. La chambre est petite, mais elle contient tout ce qu’il faut. Une fenêtre donnant sur la forêt, un lit et un calorifère. J’avale une rasade de lait de poule et j’entends tout à coup l’élan d’un saxophone.
— D’où vient cette musique ? me demande Valéria.
La nuit se méprend certainement à la reconduire. J’approche mon oreille du givre de la fenêtre. Est-ce possible que par ce soir de Noël, un saxophoniste égaré dans la Forêt des Aveilles joue de son instrument comme d’un phare ?
— Mais c’est une musique que je connais bien !
Valéria reconnait les premières notes de la Chanson pour Lauren de Joe McPhee. Que la neige et l’hiver transportent de si sonores parfums me semble relever d’un rêve souhaité. Je me mords la langue. Noël, c’est fantastique non ?
— Mais méfiez-vous un peu de Noël, dira Conan, car hélas, le beau y parle mieux que le vrai !
La musique cesse. Loin de l’angoisse et du froid, nous retournons dans la Grande Nuit de Noël avec le Cinéma – oh! – celui qui nous a regardés et celui qui nous regardera.
Fin.